Utopie et Réflexion…
Photographier la pensée
Et si photographier la pensée n’était pas invraisemblable ?
Et si chercher à saisir le plus intime, le plus caché chez l’Autre, était au coeur de la démarche du photographe ?
C’est un des moteurs, un des substrats de notre passion photographique et de l’engouement du public pour cette activité.
Cette attirance n’a jamais faibli depuis les premiers travaux de Gustave Le Gray ou de Paul Nadar.
Notre réflexion: il y a la relation, fusion entre l’identité profonde du photographe et le mystère de ce qu’il choisit de photographier.
Le « photographiant » et le « photographié »
Il y a fusion entre le photographiant et le photographié.
Dans cette démarche, nous sommes tous les co-auteurs des mondes que nous portons en nous.
Nous sommes tous dans une recherche de cohérence, recherche jamais atteinte, paradigme en permanente reformulation.
« Sur l’écran blanc de nos viseurs », en paraphrasant C.Nougaro, nous exprimons, cherchons à donner une forme à notre existence.
En visant le sujet de notre photographie, nous décidons d’écarter le reste du monde de notre présent.
En avons nous conscience ?
Ce recadrage du monde, cette exclusion de la réalité hors-cadre, c’est le creux dans lequel s’inscrit notre monde éphémère, Nos rêves.
Penser la photographie
Photographier, c’est donc aussi se placer dans une relation spécifique à nous même, voyager vers nos mondes les plus enfouis, les atteindre parfois.
C’est également, se mettre en état de correspondre autrement avec les mondes de l’Autre, du photographié, dans ce qu’il aussi de plus enfoui en lui.
Dans mon article précédent sur « La vision aveugle« , je disais la part de non-conscient qui intervient dans l’acte de photographier.
Il en est de même pour le choix de ce que nous décidons de photographier, pour la conception et la réalisation de l’image.
C’est probablement cette part non-consciente de notre activité qui est l’une des clés de notre travail créatif.
C’est aussi une des clés de l’appréciation de nos photos par ceux qui les regardent.
Saisir le caché
Dès lors, en faisant vivre nos mondes profonds, il nous arrive d’activer cette faculté de saisir du caché, d’aller au delà des apparences.
La chimie de ce qui n’était qu’intuition, non-conscient, transforme cela en compréhension inespérée de l’autre.
Mieux, dans cette démarche, notre connaissance des mondes qui nous habitent progresse, nous révélant un peu plus de nous même à chaque fois .
Ainsi, c’est une véritable dialectique qui est à l’oeuvre dans la création photographique.
Voilà qui explique en partielle que photographier est pour certains passion, addiction.
Nous éprouvons une sensation de nous rapprocher de nous même en en allant vers l’autre, ou l’autre chose.
Alors, photographier la pensée, le caché, est bien dans le domaine du possible.
C’est même une des voies d’accès à nos mondes perdus.
À bientôt.
Bernard.